Propos et parcours
L’artifice pour mieux pénétrer le réel
Depuis plusieurs années la symétrie, le double et le multiple, la distorsion parfois, sont les motifs récurrents de mon travail. La répétition correspond tout à la fois à une recherche esthétique dont la noirceur d’un dessin méticuleux se fait l’outil. Elle s’accompagne d’une réflexion sur l’image, sa construction mais aussi et surtout sa lecture biaisée: lorsque le motif a été simultanément / précédemment perçu il est alors re-connu.
L’exploitation de lieux communs à l’imaginaire collectif sert parfois de support à l’effort de re-connaissance. Je ne peux proposer que l’image et non la chose elle-même et ce quelque soient le degré de réalisme de la représentation ou celui de familiarité de l’audience avec le sujet reproduit.
Pour stimuler la perception de la représentation j’explore le trouble que la répétition, l’inachèvement ou la distorsion provoquent. C’est en suspendant le geste et laissant la frustration de l’image incomplète dominer que se conçoit aussi l’artifice du travail de l’artiste et la distance entre la représentation de la chose et la chose elle-même.
Ce sont ces espaces entre ce que l’on voit, ce que l’on croit voir, ce que l’on veut voir, qui m’intéressent, autrement dit, l’engagement de l’audience avec l’œuvre.
Initialement diplomée d’une école Supérieure de Commerce et après un passage de trois ans à la communication d’une grande entreprise française, j’ai choisi à mon arrivée à Londres de changer de voie professionnelle et de reprendre des études artistiques en 1994 qui se sont soldées en 2000 par l’obtention d’un master en gravure.
Entre 2005 et 2009, j’ai partagé mon temps entre mon travail d’artiste et celui de commissaire d’exposition indépendante. L’envie de sortir l’art de son « cube blanc » m’a conduit à monter des expositions regroupant des artistes internationaux autour de thèmes tels que la filiation artistique dans des lieux improbables tels qu’un petit village de pécheurs ou une gare désaffectée. A mon retour en France en 2009, j’ai décidé de me recentrer sur ma propre pratique.
“I am a paper-scratcher. I scratch and scratch until the design appears. Then I turn it over. The other side of that spot is like a memory.” The statement I made in the past still holds. Having experimented with print and installation, I’ve returned to work that by its nature connects me ever more intimately with the subject and the viewer (be a grotesquely distorted child face or an illusory landscape). Through successive manipulations of drawings of photographs of drawings etc combined with a certain technical drawing ability, I question media and perception.
From 2005 I have divided my time between my practice as an artist and my work as an independent art curator, bringing contemporary art to unusual places like a fishing village or a deserted train station. Since I’ve returned to France in 2009 I have decided to refocus on my own practice. Drawing is still after many years at the core of my work.
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